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SCULPTURES & ECRITURES BUISSONNIERES

La pureté est le pouvoir de contempler la souillure (S Weil) 

L'Immaculée Conception

Chapitre 18 Isabelle

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Immaculée Conception

Chapitre 18

Ah, l’église, enfin. Elle n’en peut plus, Isabelle. Elle se sent comme engourdie, elle se force à ouvrir grand les yeux pour résister à l’endormissement. Elle a baissé le chauffage, mis la musique à fond, entrouvert la vitre de sa portière, allumé une clope pour lutter contre le sommeil. Dans vingt minutes, elle sera arrivée, après la longue montée toute en virages de l’Espérance. A mi-chemin, il y aura cette grande vieille maison. Je ne les connais même pas. Un couple, la quarantaine sans soute. Et tout compte fait, ce sont mes voisins ! Il faudrait que je leur cause un peu au beau temps quand même. Eh, attention, ma belle, tu vas te retrouver au fossé si tu continues, ralentis, ce n’est pas le moment ! Et cette foutue pluie, c’est de la neige fondue. Qu’est-ce qu’il fait noir, c’est pire qu’un four. Heureusement que je ne suis pas froussarde. Eh, merde, je suis conne ou quoi, mais merde ! La voiture, une Mégane noire, glisse et vient percuter un talus, des racines de sapin dénudées, pour rebondir de l’autre côté de la chaussée et basculer son avant train droit dans le fossé rempli d’eau ruisselante. Le choc est rude, mais la ceinture de sécurité a joué son rôle : Isabelle n’a rien. Elle a un peu mal au cou et aux épaules. Le moteur de la voiture a calé. Isabelle tente de remettre le contact : rien, la voiture reste silencieuse. De toute façon, elle ne sait pas si elle aurait réussi à sortir la Mégane du fossé. La voiture lui paraît très penchée : effectivement, quand elle ouvre sa portière, celle-ci s’élève. Elle déboucle sa ceinture pour sortir, elle doit sauter, elle glisse dans la boue. Inutile qu’elle cherche son téléphone portable dans le sac, cette partie de la route n’est pas couverte par les réseaux téléphoniques. Non, le mieux qu’elle puisse faire, c’est d’aller chercher de l’aide auprès des gens de la vieille maison. Elle en voit d’ailleurs les fenêtres éclairées derrière un rideau d’arbres dénudés, un, peu plus loin : ils n’ont pas fermé leurs volets. Une chance qu’ils soient là ! Eh bien, ma vieille, tu termines bien ton année ! Joyeux Noël, ma chérie ! Et en plus, cette neige fondue qui me dégouline partout, merde !


Isabelle est arrivée à hauteur des Tremblettes. Elle en voit le nom sur la boite aux lettres en bois, à côté du portillon. Elle ouvre le portillon, traverse le petit jardin de devant et s’approche de la porte d’entrée. Elle voit l’intérieur par la fenêtre, c’est leur salle à manger. Cinq hommes, deux femmes. Celui en bout de table, ça doit être le maître de maison. Des gens un peu plus âgés qu’elle apparemment ou de son âge. Pas d’enfants. La pièce paraît chaude, elle a des couleurs vives, blanches, rouges et jaunes. Par opposition, Isabelle a encore plus froid, elle se sent complètement transie. Elle hésite quand même à les déranger. Mais, non, elle ne peut rien faire d’autre. Elle s’approche encore plus de la porte d’entrée et tire la chaîne d’une vieille sonnette, en même temps qu’elle donne quelques coups sur la porte.