L'Immaculée Conception

Chapitre 19 Isabelle

Immaculée Conception

Chapitre 18

Isabelle

« Qui ça peut bien être, à cette heure-ci, une nuit de Noël ? »

Joseph se lève et rejoint le vestibule. Il demande qui est là : c’est la voisine des Granges Mamet. Il tire les verrous et ouvre la porte. Une femme, encore jeune, toute mouillée, détrempée, de la tête au pied, une jolie brunette aux yeux noirs se tient sur la pierre du seuil. Elle rentre dans le vestibule, elle est trempée de la tête aux pieds. Elle s’excuse, elle vient d’avoir un accident : sa voiture est dans le fossé, à cinq minutes, plus bas sur la route. Joseph la fait rentrer dans la salle à manger. Elle redonne toutes ses explications à la compagnie attentive : elle arrive de Nancy, elle est la voisine de là-haut, aux Granges Mamet, Isabelle Beckman, sa voiture est dans le fossé, à cinq minutes, en contrebas. Et elle se met à pleurer d’épuisement, debout, dégoulinante de pluie, frissonnante. Elisabeth, auprès d’elle, la fait s’asseoir à table. Joseph et Jim lui tiennent des propos rassurants. La voiture ne craint plus rien, elle peut rester là jusqu’au lendemain matin, puisque la route n’est guère utilisée que par eux-mêmes, en cette saison. Il suffit d’installer un couchage supplémentaire pour Isabelle. Les uns et les autres acquiescent, il faut qu’Isabelle se réchauffe, qu’elle mange, elle peut bien passer la nuit là, demain, quand il fera jour, on s’occupera de la voiture, de toute façon, il n’y a rien de prêt là-haut, aux Granges Mamet. L’horloge sur la cheminée se met à sonner onze heures. Marie est restée silencieuse, entre salle à manger et cuisine, à s’interroger sur l’arrivée inopinée de l’intruse. Elle décide en fin de compte de ne rien changer à son projet. Elle arbore son meilleur sourire et s’approche du cercle autour d’Isabelle, elle lui demande si elle veut un thé ou un café pour se réchauffer, et des vêtements secs : elles sont toutes les deux à peu près de la même taille.